Mûres tardives

octobre s'achève avec le souvenir
des dernières chaleurs d'été
les buissons prennent en clarté
à mesure des feuilles tombées
la massive emprise végétale
d'eau et de soleil
file ruisseau au milieu des haies
se divisant
gagnant son mélange d'air
dans le choc des pierres
dans le relâchement
de ces doigts serrés
sur l'outil à bâtir
cent fois relevé
la sensation du muscle aiguisé
et le bleu de l'air clair entre les branches
rendant le sucre durci
des derniers fruits de l'été
il faut choisir parmi la grappe
trouver celui qui de sa lenteur
aura accueilli le soir
celui qui n'aura pas eu l'effort vif du primeur
mais sous le diffus du sous-bois
patienté l'accumulation du soleil d'août
ces sucres gagnés
dans le cumul des petites victoires du quotidien
ce chemin opiniâtre sous le vent
l'orage les sécheresses
les creux les herbes hautes
le pas gardé
nous ne gagnerons jamais vraiment
jamais de récolte entière
jamais de lisse idée de l'accomplissement
mais toujours le mitoyen
la rose et son fruit partageant la branche
le muscle fatigué et le nuage frais du repos
les frustrations du face à face et le doux de tes bras enlacés
l'attente et la prairie de nous retrouvé
voir le cumul du soleil et du fruit
la branche ce lien
l'espoir tenu aux accomplissements de l'automne