Fin de monde

Timothée Huck by Timothée Huck

 

'Bout du monde'
ces mots extrêmes parfois utilisés
pour nommer la fin d'une presqu'île
ou une maison enfouie
dans le bois
au fond d'une impasse feuillue
on pousse repousse
et pose
une barrière de mots pour sa tranquillité
on veut la route franchie
comme sienne et unique
cette gorge resserrée de l'isthme
où le demi-tour est impossible
comme dernier chemin
vers cette tranquillité
de l'éperon face à la mer

quelque chose de définitif
à contempler la mer
on y pose sa fatigue
et dans le roulis des vagues
elle s'enfouit
on y jette la méchanceté des hommes
on y jette l'envie dévorante
aux couleurs de haine
on y puise des embruns de renouveau

la question qui vient
après le ressourcement
est plus minérale
elle tient de la cassure du grès
plus que de la vie qui cicatrise
faut-il revenir
faut-il reprendre le chemin
qui nous lie au grand continent
ou faire taire le presque de l'île

courage de rompre
ou le courage du lien



jusqu'où se battre
jusqu'où croire
et que veut dire l'initiale bonté des hommes
à quel moment faire le deuil
imposer cette mort protectrice

quand le faire sauf du cynisme

Coque rongée de sel
repose sur le sable
silence et jeux des enfants
les ruines sont belles
parce qu'apaisées
et nulle ombre assombrit
le choix renouvelé du Kerprat

où que j'aille je vois des maraichers
où que j'aille ton bras de pudeur
sur ton sourire comme si
tu voulais en protéger la naissance
j'avance mi aveugle au côté d'elle
deux bras de mer sur notre route
fragile et étroite
vienne l'île
ou vienne la terre
compte l'ardeur allongée de nos pas --

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