Ecorce

Nos écorces malades sont le fruit du temps
les blessures des ans en font la forme si imparfaite
et dans cette écale pleine
cet habit de force et de lambeaux
nos corps à mesure tentent la confluence
Tu poses ton dos aujourd'hui
ta chair tendre y chaume un morceau
et l'arbre aussi arrache à ta peau
je me demande si la douleur qui vient
nous mangera demain
quel reproche faire à l'arbre
tout est lichen et fissure de peau
dans les creux de la lente assise des ans
nos incapacités à être
et
l'auget de nos larmes
Quelle réponse faire à l'arbre
Quel havre demander au regard de l'effort
Quelle sueur ira ravir sa peau des ans
Quelle goutte percera le rebond des racines
Je ne vois qu'une réponse
au regard du temps
Il n'y est d'eau
qui ne passe
par la terre
la victoire importe peu
c'est le temps qui fait l'armure
et quel instant à terme pourrait
contredire l'éclisse de la rencontre
mon corps de bois
claudique dans les chemins
et j'y pose parfois dans l'angle
mes fruits indéhiscents
je perce une gourde fraiche
sur le chœur des amitiés
et toujours boitant
j'accepte l'absence d'équilibre
je me dis qu'il n'y a pas de justice
mais juste des élans à trouver
après l'épée
l'écorce d'un if sont des lambeaux de chair
L'écorce du marronnier est peau d'éléphant
le tissage régulier du tulipier
amène
la chaleur massive et embrassante du sequoia
rousseur du pin maritime
tapis chaud du mélèze
et de tous
le
plus
à nu de ses muscles
est l'olivier
lisse craquelure fin sillon
lutte ardente du vert et de l'or
mes gris
mes bruns
je vis sur les petites morts accumulées des ans
qui forment
qui forcent
ce que je suis à tes yeux
qu'ais je à reprocher à ton écorce si ce n'est la comprendre
qu'ais-je à commander à ton bois ?
L'eau de nos insuffisances
est
terre humide
où poser nos pas
n'arrache pas l'écorce
en disant le temps n'importe pas
la vérité n'est jamais derrière
la peine importe
et ces fêlures
accumulées
au cercle du chêne
ce sont nos doigts
de toujours
qui se cherchent
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11.03.2017